Reproduction de tableaux d'Alfred Sisley
L’élégance, la sensibilité, l’émotion, voici les termes les plus souvent associés à l’art d’Alfred Sisley. Amoureux de la nature, qu’il a peint sous toutes ses formes, Sisley a cette capacité de transporter celui qui contemple son œuvre à un lieu et un moment précis. Personnage important du mouvement impressionniste, dont il est probablement la figure la plus complète, il n’a pas échappé aux malheurs des peintres de cette époque : les critiques, le manque de considération ou encore la pauvreté.
Alfred Sisley naît à Paris d’une famille de commerçants anglais installés en France. Son père, détenteur d’une entreprise d’importation, voit son fils comme son successeur et l’envoie à Londres suivre des études dans le commerce. Durant ses années en capitale anglaise (1857-1860), il passe son temps à dessiner et contempler les musées de la ville. Son intérêt est particulièrement porté sur les artistes britanniques John Constable et William Turner. Une fois rentré en France, il ne met pas longtemps à convaincre ses parents que sa carrière n’est pas dans le commerce et rejoint l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1862. Il y rencontre Alfred Renoir, Claude Monet et Fréderic Bazille. Avec eux, il partage beaucoup : une vision commune de l’art mais aussi un rejet de leur maître de l’époque, Charles Gleyre, qu’ils quittent une année plus tard, en 1863. Cette année là, les artistes se réunissent pour peindre en plein air, notamment dans la forêt de Fontainebleau. Cela ne dure que quelques jours mais reste une période forte de l’histoire de l’art.
Techniquement, on aime à dire que Monet a symbolisé la spontanéité (avec une vision du monde centrée sur la lumière), Renoir la vitalité (une vision axée sur la sensualité) et Sisley la sérénité (qui reconstitue plus qu’il ne recréé le monde). Sisley est considéré par beaucoup de puristes comme le peintre impressionniste disposant de la peinture la plus élégante voire la plus émouvante de toutes. Ses éléments les plus reconnaissables sont la neige, le ciel ou encore l’eau, lui qui faisait des paysages son thème de prédilection. Il se dégage de sa peinture une poésie toute en harmonie via notamment des nuances de gris, rose et vert pâle. Dans ses œuvres, les personnages, rares, ne sont que des silouettes. On observe ce phénomène sur La route de Versailles à Louveciennes (1859 – 1899).
Avec d’autres peintres majeurs comme Degas, Manet, Monet, etc, il organise une exposition à Londres (1876), où il fait face à un manque de considération total, malgré sa nationalité anglaise. Il faut attendre la septième expositions pour qu’un intérêt populaire notable se dégage.Alfred Sisley : entre Corot et Manet
Ainsi, en plus des artistes anglais et de Corot et Courbet, auquel il voue une grande admiration et dont on peut retrouver des éléments dans sa peinture, Alfred Sisley est influencé par la technique et la conception de ses contemporains. Il est particulièrement proche de Renoir et Monet. Les trois amis n’ont que deux ans de différence d’âge, ce qui participe à les souder.
Pourtant, les artistes, très amis, ont chacun leur caractéristique. Ce qui ressort largement et que Sisley était le plus élégant de tous. Eugène Muret, peintre de la même époque, disait : « la souplesse, cette qualité que Sisley possède à un si haut degrés ».Le plus impressionniste de tous ?
Thématiquement, il n’y a pas plus impressionniste que Sisley. Celui-ci était un amoureux de la nature et cela se ressentait dans ses œuvres. Il écrivait lui-même : « toutes les choses respirent et s’épanouissent dans une riche et féconde atmosphère qui distribue et équilibre la lumière, établit l’harmonie. » Lui qui a centré ses productions autour des paysages démontre le désintérêt des impressionnistes pour les genres importants de l’époque, quoi que cela lui en coûte. Les spécialistes vont jusqu’à dire que Sisley n’a peint qu’un seul portrait, celui de son fils (Jacques) et sa fille (Jeanne). En ce qui concerne les sujets récurrents dans la carrière de l’artiste, on peut penser aux sentiers des Sablons, les allées du Loing, ou encore les vieilles maisons de Saint-Mammès. L’un des tableaux de cette dernière série est à retrouver à la reproduction sur marepro.fr. Il s’agit de La Route de Moret à Saint-Mammès (1883 – 1885).
Les critiques autour de l’artiste sont assez peu dirigées à l’encontre de sa technique de peinture, qui semble faire l’unanimité, mais plus autour de son manque d’évolution artistique au sein de sa carrière. Que ce soit en matière de thématiques ou de qualité de peinture, il est resté fidèle à lui-même.
A l’image de la majorité des peintres anti-académiques de l’époque mais aussi à cause des relations détériorées qu’il entretient avec son père, Sisley ne jouit pas d’un confort économique important. Cela ne l’empêche pas de se consacrer pleinement à sa passion et il fonde, avec cinq autres artistes majeurs, la Société Anonyme des Peintres qui organise en 1874 la première exposition impressionniste de l’histoire.Des tableaux de plus en plus populaires
C’est une constante malheureuse pour les impressionnistes : leur cote ne semble s’envoler qu’après leur mort. Alfred Sisley n’échappe pas à cette règle. En réalité, il commence à entrevoir un certain succès dès 1885, date à laquelle il finit par accepter les projets d’exposition de Durand-Ruel (marchand d’art très connu), qui l’exporte vers les États-Unis (New-York). C’est grâce à celles-ci qu’il peut enfin sortir de la misère qu’il connaissait jusque là au quotidien.
En outre, il faut ajouter qu’Alfred Sisley a demandé deux fois la nationalité française (la deuxième en 1888) mais que cela n’a jamais abouti. Pourtant, cela ne l’empêche pas, à la fin de sa vie, d’avoir un poste important aux Beaux-Arts de Paris mais aussi d’exposer chaque année ses œuvres par l’intermédiaire de Georges Petit, qui devient son galeriste attitré.
En 1897, il effectue un voyage en Angleterre où il réalise ses dernières œuvres importantes. L’artiste meurt deux ans plus tard, en 1899.
Peu après, sa popularité décolle encore d’avantage. Pour preuve, en mars 1900, une toile de Sisley est vendue au compte Isaac de Camondo pour la somme de 43 000 francs. La même œuvre que le peintre a vendu 180 francs initialement.